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Page:Garnir - Le Commandant Gardedieu, 1930.djvu/105

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11 juin. — J’ai fait hier une chose que je n’aurais pas dû faire : quand on a l’honneur de porter l’uniforme de commandant, on a tort de s’abaisser à causer avec des domestiques et de les payer pour qu’ils soient indiscrets… Enfin, c’est fait… J’avais à peine montré une belle pièce de cinq francs à la cuisinière qu’elle m’a dit :

— C’est pour savoir ce que Mlle Valentine pense de vous, n’est-ce pas, Commandant ? Eh bien, mon Commandant, elle vous aime…

Et la belle pièce de cinq francs, agrippée d’une main sûre, disparut dans la poche de la jupe.

— Plus bas, Marguerite, plus bas…

— Oui, Monsieur, vous avez raison… Car Madame n’en sait rien et Mademoiselle m’a bien recommandé de ne jamais vous parler d’elle.

Et la voilà partie !… elle avait remarqué que Valentine passait une heure devant la glace chaque fois que je devais venir chez Tante Lalie ; elle le lui a dit et Valentine a répondu : « C’est bien mon droit d’aimer les militaires ». — « Surtout que vous avez