Page:Garnir - Le Commandant Gardedieu, 1930.djvu/121

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parfumait les allées et cette nuit sereine, charmante et pâle semblait faite exprès pour des amants…

Sans doute Valentine subissait la séduction de ce clair de lune ; mais elle n’en laissait rien paraître. Elle s’attarda à nouer un fichu de dentelles autour de son cou et, quand nous nous mîmes enfin en chemin, elle posa un doigt sur ses lèvres, en me montrant Tante Lalie ; vous ne pouvez pas imaginer quelque chose de plus gracieux que ce geste : sous la lumière caressante et fluide, elle paraissait immatérielle, légère comme ces sylphes que le poète voit danser à la clairière des forêts.

Nous allions en silence, côte à côte, sans nous toucher. J’aurais eu peur, en parlant, de rompre le charme presque surnaturel de cette nuit enchantée. Pourtant, quand nous fûmes près de la haie de clôture, je rassemblai tout mon courage : je ne fis aucun préambule.

— Valentine, lui dis-je, vous m’avez demandé hier comment j’avais sauvé le poste de Kabambaré en exterminant l’avant-garde de Tippo-Tip…

— Oui, Gédéon, fit-elle, ébahie.

— Je ne vous ai pas répondu, Valentine, parce que je n’ai jamais sauvé le poste de Kabambaré…

— Comment se fait-il que tout le monde, à Mons, le raconte ?