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Page:Garnir - Le Commandant Gardedieu, 1930.djvu/17

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(Extrait du journal de Gédéon Gardedieu.)


Mons, 15 juin 19… — Le hall de la station du chemin de fer, à Mons, impressionne, la nuit, par sa vastitude. Les ténèbres et le silence montent vers ses hauts vitrages cintrés, s’y accumulent et les emplissent. À peine si, à ras du sol, une demi-douzaine de feux piquent l’obscurité, sans éclairer — comme des cierges. Or, voici qu’à la minute précise fixée par les destins et l’Indicateur des chemins de fer, des ombres surgissent ; les unes, avec des valises, émergent des souterrains ouvrant sur les quais ; d’autres, en bourgeron, courent en balançant à bout de bras une lanterne. Une main mystérieuse a tourné quelque part un commutateur : des feux multipliés chassent la nuit. Un bruit de chose qui roule, tumultueuse et trépidante, fer sur fer, se rapproche, grandit… et, brusquement, l’express de Paris (il est 10 h. du soir) entre en tempête : les freins coincent les roues ; le moteur, qui haletait, arrête, d’un brusque effort, les saccades