Page:Garnir - Le Commandant Gardedieu, 1930.djvu/35

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Le 13 juillet — Pendant qu’Aimé Bouton fait le compte de ses cigares, Tartarin, lui, se conduit comme devant. Hier, à l’apéritif du Bodega, avec toute une rominée d’officiers des chasseurs à cheval, dont le colonel, on vint à parler d’Eugène Tofanel, un ancien lieutenant du régiment, dont les journaux annonçaient la mort au Congo.

— C’était un excellent colonial, dit Tartarin avec simplicité. Il s’occupait surtout de culture maraîchère : il m’a consulté un jour sur l’élève de l’artichaut du Midi.

Et, se tournant vers moi, il ajouta négligemment :

— Vous vous souvenez, Commandant : nous devons avoir déjeuné avec lui chez le gouverneur.

— Ah ! vous l’avez connu ? me dit le colonel.

— Vaguement, mon Colonel, vaguement…

Quand Tartarin m’engage dans de pareilles impostures, je n’ai plus un poil de sec. Si le colonel, qui n’est pas commode tous les jours, avait continué à m’interroger… berdafe !

Eh bien ! à la fin, je me révolte : j’en ai assez, j’en