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15 novembre 189… — Ma tante Lalie, riche, veuve après deux ans de mariage, et n’ayant pas d’enfant, est, depuis toujours, le bureau de bienfaisance de la famille. Les pauvres savent sa charité inépuisable : avec elle, quand il ne pleut pas, il goutte.

Du côté de feu son mari, il y avait quelques parents peu fortunés ; son argent et ses conseils de bonne femme les ont tous tirés de peine.

C’est une aubaine pour un ménage qu’elle consente à tenir le nouveau-né sur les fonts baptismaux. Dans son carnet, sont inscrits et répartis en trois catégories ses nombreux filleuls : aisés, pauvres et très pauvres. Le jour de leur fête, elle va leur porter des jouets, des bonbons ou des vêtements, voire de l’argent. Et toute cette charité se fait fort joliment, sans manigance et sans tralala.

À la Saint-Nicolas, la bonne marraine organise chez elle un goûter où fillettes et garçons sont conviés : petits pauvres, le matin ; petits riches, le soir. Car, naturellement, un enfant d’ouvrier du Cras-Monciaux ou de la Cour des Gaïolles ne fréquentera jamais un enfant de bourgeois de la Grand’Rue :