Page:Garnir - Le Commandant Gardedieu, 1930.djvu/61

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fit plus : elle liquida les affaires très embrouillées de l’oncle Urbain, tant à Paris qu’à Mons, et finit par en tirer un petit capital qui permit de placer Valentine au pensionnat des Sœurs de Jemappes : tante Lalie eut ainsi la fierté de dire à qui voulait l’entendre que Valentine n’avait besoin de personne et que, si elle faisait de bonnes études dans un établissement où les meilleurs soins étaient donnés à l’éducation, c’est à la prévoyance et à la sagesse de ses bons parents qu’elle le devait.

Quelquefois, le dimanche, la petite Valentine venait dîner chez tante Lalie et mettait, dans la paisible salle à manger, la gaîté de sa turbulence. Je me souviens d’elle quand elle avait huit ou neuf ans : cheveux cendrés coupés court, un petit visage ferme et dur, tour à tour souriant et réfléchi, de longs et maigres mollets et une abondance de parole et de gestes dont on ne peut pas se faire idée : du vif argent.

Le salon de Tante Lalie sert de salle à manger dans les grandes circonstances. Trois fenêtres sur rue, trois larges fenêtres garnies de rideaux à baldaquins, relevés par des embrasses en torsades, sur de massives patères de cuivre. Un meuble vitrine, en acajou comme presque tout le mobilier, montre de la verrerie, un service Empire, ourlé d’or et