Page:Garnir - Le Commandant Gardedieu, 1930.djvu/94

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pavés avec ses semelles. Il n’avait oublié qu’une chose : son sac !

Je suis patient, très patient sous les armes ; mais l’attitude d’Aribotte, son débraillé, la flemme qu’il dégageait m’exaspérèrent tout d’un coup.

— Qu’est-ce que vous faites, garde Aribotte ?

Il dirigea vers moi un œil languide, bâilla un bon coup et répondit :

— Je m’embête, mon commandant.

Les gardes se mirent à rire.

— Vous avez oublié votre sac, sacré tonnerre ! Est-ce que vous nous prenez pour une bande de baraquieux ?

— C’est bon, mon commandant, faut pas vous frapper : je vais le chercher.

— Vous n’avez que cinq minutes.

— J’habite chez Devos, rue de la Coupe.

— Dépêchez-vous !

Il s’en alla, d’un pas de tortue et je le vis disparaître sous la voûte de la cour. J’allai faire une petite inspection plus loin et, comme je m’apprêtais enfin à faire sonner la formation par rangs, je le vis tout à coup, à deux pas de moi, l’air un peu plus ahuri que tout à l’heure. Mon sang, cette fois, ne fit qu’un tour :

— Garde Aribotte !