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Page:Gaskell - Autour du sofa.djvu/133

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LADY LUDLOW.

naient ; le vieux Jacques se tenait debout derrière eux, cherchant par tous les moyens possibles à leur prouver son respect. Il avait bien vu l’étranger, mais, ne le connaissant pas, il ne lui avait accordé nulle attention, et ne s’occupait que de ses maîtres, lorsqu’un profond soupir, ou plutôt un gémissement fut proféré à côté de lui ; le petit groupe se retourna ; le visage du marquis n’exprima que le dédain ; la figure de la jeune fille se glaça tout à coup, et la haine se peignit dans ses yeux. Jacques n’avait jamais vu de pareil regard. L’étranger, un instant immobile, s’avança en tremblant : « Mademoiselle ! » murmura cet homme d’une voix tellement suppliante, que, sans le connaître, le vieillard eut pitié de lui ; mais pas un signe de la part de Virginie ne témoigna qu’elle l’avait entendu. « Monsieur ! » reprit l’inconnu avec hésitation, après une pause dont Jacques ne put mesurer la longueur. Clément se retourna avec un geste d’impatience et de dégoût, mais il se retourna, et cela suffit pour encourager cet homme.

« Monsieur, reprit celui-ci, priez mademoiselle de m’écouter, je n’ai que deux mots à lui dire.

Mlle de Courcy n’écoute que les personnes qu’il lui plaît d’entendre, » répondit Clément avec fierté.

L’homme fit un pas en avant ; et bien que Virginie eût le dos tourné elle sentit son approche, car elle se recula par un mouvement rapide, afin d’augmenter l’espace qui la séparait de lui.

« Mademoiselle, poursuivit le malheureux, il en est temps encore ; demain il sera trop tard, votre nom est sur la liste ; mais je peux vous sauver, si vous voulez m’entendre. »

Virginie continua de rester impassible ; Jacques ne comprenait rien à ce silence obstiné envers un homme dont le dévouement lui paraissait sincère ; et tout en