Aller au contenu

Page:Gaskell - Autour du sofa.djvu/17

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE I.

Je suis maintenant une vieille femme, nous dit Marguerite, et les choses sont bien changées depuis ma jeunesse. Ceux qui voyageaient alors n’avaient à leur service que des diligences contenant une douzaine de personnes, et qui mettaient deux jours pour parcourir l’espace que l’on franchit actuellement en deux heures. On n’avait la poste que deux fois par semaine, et, dans certaines villes que j’ai habitées jadis, le courrier n’arrivait qu’une fois par mois. Il est vrai qu’à cette époque c’étaient de véritables lettres qu’il nous apportait ; des lettres précieuses qu’on relisait avec soin, qu’on étudiait comme un livre, et qu’on gardait toujours. À présent qu’on a le facteur matin et soir, vous n’avez plus qu’un petit nombre de lignes griffonnées à la hâte, et n’ayant aucun sens ; des billets qui la plupart du temps ne renferment qu’une ou deux phrases tellement brèves, que les gens bien élevés n’oseraient pas vous les dire. C’est un progrès, dites-vous, et je veux bien vous en croire ; toujours est-il que vous ne trouveriez pas aujourd’hui une seule lady Ludlow. Je vais essayer de vous parler d’elle ; mais ainsi que je vous le disais tout à l’heure, ce n’est pas une histoire suivie que je vais vous raconter.