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Page:Gaskell - Autour du sofa.djvu/197

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LADY LUDLOW.

le chagrin l’avait affaibli au point de lui faire négliger ses propres affaires ; et, malgré sa bonne volonté, celles de lady Ludlow en souffrirent nécessairement, d’autant plus que son ancien commis, chargé d’années, était tout à fait incapable de suppléer à l’énergie qui lui manquait maintenant.

Chaque jour M. Smithsone paraissait plus contrarié. Comme tous les individus qu’employait lady Ludlow, il existait, du moins autant que je puis le croire, quelque lien héréditaire entre lui et la famille. Depuis que les Smithsone étaient dans la procédure, ils avaient toujours été procureurs des Hanbury ; on avait recours à eux dans toutes les grandes occasions ; et personne ne connaissait mieux tout ce qui avait rapport à cette famille, aujourd’hui presque éteinte, jadis nombreuse et disséminée dans toutes les possessions anglaises.

Tant que le chef des Hanbury avait été un homme, le procureur avait agi d’après ses ordres et n’avait donné des conseils que lorsqu’on lui en demandait ; mais il avait changé de position le jour mémorable où Sa Seigneurie avait contracté cet emprunt désastreux ; l’homme de loi avait cru devoir protester contre cette mesure ; milady avait été froissée de la remontrance, et une certaine froideur tacite avait existé depuis lors entre Sa Seigneurie et le père du Smithsone actuel.

Celui-ci, j’en étais vraiment désolée, trouvait fort mauvais que M. Horner eût laissé les terres en aussi mauvais état, et que la plupart des fermages offrissent un arriéré considérable. Il avait trop de délicatesse pour exprimer son opinion à l’égard du défunt ; mais lady Ludlow était assez pénétrante pour lire dans la pensée du juriste, et lui dit tranquillement que c’était elle qui avait empêché son régisseur de prendre certaines mesures peu en harmonie avec le sentiment héréditaire qu’elle avait toujours