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Page:Gaskell - Autour du sofa.djvu/27

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LADY LUDLOW.
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figurer dans la même position. » Elle resta silencieuse pendant quelques minutes ; puis elle appela mistress Adam, celle de ses femmes qui était spécialement attachée à son service, et la pria de me conduire dans ma chambre.

Je crus entrer dans une cellule tant cette pièce était petite ; les murailles en étaient passées à la chaux ; un lit drapé de basin, deux chaises et deux tapis rouges en composaient l’ameublement. L’armoire et le lavabo se trouvaient à côté, dans un cabinet minuscule. Il y avait sur la muraille, en face du lit, quelques versets de l’Écriture sainte ; au-dessous pendait une gravure, assez commune alors, représentant le roi George et la reine Charlotte avec leurs nombreux enfants, y compris la petite princesse Amélie dans son chariot. D’un côté de cette gravure était le portrait de Louis XVI, faisant pendant à celui de Marie-Antoinette. Une petite boîte et un livre de prières garnissaient la cheminée ; je ne me rappelle pas qu’il y eût autre chose dans ma cellule.

Personne ne songeait à cette époque aux bureaux, aux guéridons, aux chiffonnières, aux écritoires, aux fauteuils indispensables de nos jours ; et l’on n’allait dans sa chambre que pour y faire sa toilette, y prier et dormir. On m’appela pour souper ; je descendis avec la jeune fille qui était venue m’avertir, et qui me conduisit dans la grande salle que j’avais traversée en arrivant ; j’y trouvai mes autres compagnes debout et silencieuses, et qui, lorsque j’ouvris la porte, me firent la révérence. Leur costume, qui me parut être une espèce d’uniforme, se composait d’un bonnet à rubans bleus, d’un fichu croisé en mousseline unie, d’un tablier de linon et d’une robe de laine couleur tabac d’Espagne. Je vis sur la table deux poulets froids, une salade, et une tarte aux fruits que l’on nous destinait. Le fond de la pièce était occupé par un