CHAPITRE I.
J’ai toujours écouté avec un vif intérêt les traditions répandues dans tout le nord du pays de Galles sur Owen Glendower, et je comprends à merveille que le paysan gallois ait conservé pour ce héros une admiration profonde. On ne se figure pas combien les habitants de la principauté furent joyeux lorsque, il y a quinze ou seize ans, l’université d’Oxford proposa l’histoire d’Owen Glendower pour sujet de poésie galloise ; il était impossible, en effet, de choisir un thème qui flattât davantage la fierté nationale.
Peut-être ne savez-vous pas que, même à notre époque de lumières, ce grand capitaine est tout aussi révéré par les Gallois pour la puissance qu’il avait comme magicien, que pour son courage et son patriotisme.
Owen a dit en parlant de sa personne, ou Shakspeare a dit pour lui, ce qui est à peu près la même chose :
« À ma naissance, la voûte du ciel était remplie de corps flamboyants.
« Je peux faire surgir les esprits du sein de la mer profonde. »
Et parmi les Gallois d’un rang inférieur, il en est bien peu qui songeraient à lui poser la question irrévérente que lui adresse Hotspur.