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Page:Gaskell - Autour du sofa.djvu/323

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AUTOUR DU SOFA.


C’était maintenant à M. Preston de nous raconter quelque chose : un fait curieux, une légende ou une histoire, et chacun se tourna vers lui, mais sans oser lui dire ce qu’on attendait de son obligeance, car il était grave, silencieux par nature et d’une réserve qui éloignait toute familiarité.

Néanmoins il comprit notre désir, et, prenant la parole : « Je sais, nous dit-il, ce que vous attendez de moi, et je vais vous raconter un épisode de ma propre existence. J’avoue qu’il m’est pénible d’entretenir les autres d’un sujet qui m’est tout personnel ; mais ces tristes souvenirs sont les seuls qui se présentent à mon esprit. On pourra, je crois, tirer de cette histoire un utile enseignement ; c’est à vous d’en juger ; mon intention n’est pas de vous faire de la morale ; et si les faits que je vais vous rapporter ne suffisent pas par eux-mêmes à vous impressionner, toutes mes paroles seraient impuissantes à vous faire comprendre ce que vous n’auriez pas senti d’abord.