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Page:Gaskell - Autour du sofa.djvu/33

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LADY LUDLOW.

donnez-moi, milady, je serais désolé de vous retenir plus longtemps.

— Pas du tout, monsieur Gray, je vous ramène au presbytère. Allez voir votre malade : je vais, pendant ce temps-là, faire le tour par Oak-field, et je vous reprends dans une heure. »

Elle ne voulait pas le troubler dans sa bonne œuvre, en lui laissant penser qu’il la faisait attendre.

« Un excellent jeune homme, très-chères, nous dit-elle quelques instants après ; toutefois, soyez-en sûres, je n’en ferai pas moins vitrer mon banc. »

Nous ne savions pas ce qu’elle voulait dire ; mais nous l’apprîmes au bout de huit jours. Les rideaux qui entouraient le banc seigneurial avaient été remplacés par un vitrage, ayant environ deux mètres de hauteur ; on entrait par une portière dont les carreaux se manœuvraient comme les glaces d’une voiture. Les vitres étaient baissées pendant l’office, comme autrefois les rideaux étaient ouverts ; mais si par hasard M. Gray proférait le mot sabbat, ou parlait de son école du dimanche, milady quittait son fauteuil et relevait la glace avec un bruit significatif.

Laissez-moi vous dire à ce sujet quelques mots sur notre jeune ecclésiastique. La présentation au bénéfice d’Hanbury appartenait à deux personnes, qui exerçaient leurs droits tour à tour. C’était lord Ludlow qui avait fait nommer M. Montford, dont les connaissances profondes en équitation avaient mérité son suffrage. À vrai dire, l’habile écuyer ne fut pas un mauvais prêtre, surtout pour son époque. Il s’enivrait rarement, bien qu’il aimât la table autant que personne au monde, et ne manquait jamais d’envoyer à ceux des pauvres qui étaient malades les meilleurs plats de son dîner, au risque de les faire mourir d’indigestion. Rempli de bonté pour tous les