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Page:Gaskell - Autour du sofa.djvu/71

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LADY LUDLOW.

et des qualités positives qui, bien qu’elles fussent employées à son service, étaient antipathiques à milady ; elle supportait avec impatience les principes de son intendant, qui, disait-elle, avaient quelque chose de commercial, et regrettait l’époque où l’on vivait du produit de ses domaines, dont le surplus s’échangeait contre les articles dont on avait besoin, sans l’intervention du numéraire.

Si encore tout s’était borné là ! mais notre vieux régisseur avait été mordu par les idées nouvelles, et quelques-unes des théories de M. Gray avaient produit dans son cerveau le ravage d’une étincelle qui tombe sur des étoupes. Il éprouvait le besoin de voir chacun, ici-bas, développer son intelligence, afin de se rendre utile et de concourir de la sorte à la prospérité du domaine qu’il régissait et à l’agrandissement de la famille des Hanbury ; fatal désir qui le poussait à demander qu’on instruisît le bas peuple.

M. Gray qui, d’après M. Horner, oubliait trop les intérêts de ce monde, où chacun doit se faire une position, ne partageait pas le motif de l’intendant ; mais, ayant à cœur de disposer ses paroissiens à la vie future, il voulait cultiver leur esprit de manière qu’ils pussent recevoir les doctrines indispensables à leur salut, et réclamait l’éducation des masses.

« Quels sont tes devoirs envers le prochain ? » était pour M. Horner la question la plus importante du catéchisme. « Qu’est-ce que la grâce intérieure ? » était celle dont M. Gray préférait la réponse ; tandis que Sa Seigneurie nous demandait chaque dimanche, en inclinant la tête : « Quels sont les devoirs que tu as envers Dieu ? »

Mais personne ne répondait ni à M. Gray, ni à M. Horner. Il n’y avait jamais eu d’école à Hanbury ; et le plus vif désir du jeune ecclésiastique était de fonder une classe où l’on irait tous les dimanches. L’homme d’affaires exigeait davantage ; il espérait bien qu’avant peu