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Page:Gaskell - Autour du sofa.djvu/75

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LADY LUDLOW.

glise. Il n’y avait pas cinquante ans, disait-on, que l’un de ces animaux avait dévoré un enfant qui, par inadvertance, s’était approché de leur niche dans le rayon que pouvait atteindre leur chaîne. Vous pensez bien que cela suffisait pour qu’on préférât la terrasse ; toutefois M. Gray ne paraissait pas s’inquiéter des gardiens de la grande porte ; on supposait que c’était distraction de sa part ; mais on se trompait évidemment, car nous le vîmes un jour aller droit à l’un des chiens, et le caresser d’une façon tout amicale, dont celui-ci témoigna sa satisfaction en remuant la queue absolument comme si M. Gray eût été un Hanbury. Personne au château ne put expliquer cette énigme, et je suis encore à me demander comment la chose put avoir lieu.

Mais revenons à la porte de la terrasse et au valet de pied qui stationnait dans l’antichambre. Nous l’entendîmes, un matin, parlementer dans le vestibule avec tant de véhémence que lady Ludlow agita sa sonnette à deux reprises différentes sans pouvoir se faire entendre.

« Qu’est-ce que c’est, John ? lui demanda Sa Seigneurie, lorsqu’enfin il entra dans le cabinet.

— Un petit paysan qui prétend venir de la part de M. Horner et qui demande à parler à Votre Seigneurie.

— Que me veut-il ?

— C’est là précisément ce que je cherchais à savoir, et ce que je ne parviens pas à lui faire dire.

— Sans doute un message de M. Horner, reprit Sa Seigneurie dont la figure devint sérieuse : c’était contre l’étiquette de lui envoyer un message quelconque, et surtout par un semblable émissaire.

— Je lui ai demandé s’il avait quelque chose à me remettre pour madame ; il a répondu que non, et qu’il voulait voir Sa Seigneurie.