Page:Gaskell - Cousine Phillis.djvu/100

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acceptable. Enfin, Paul, poursuivit-il avec une sorte d’inquiétude, plaidant toujours sa cause sans vouloir se l’avouer à lui-même, vous êtes de mon bord, n’est-il pas vrai ?… Vous ne serez pas fâché de m’avoir pour cousin ?… »

J’entendais haleter et siffler la locomotive au sortir des ateliers.

« Non certes, répondis-je, ramené brusquement vers cet ami que j’allais perdre. Je voudrais que la noce eût lieu dès demain, et je serais avec grand plaisir votre garçon d’honneur.

— À la bonne heure, et merci. Damné porte-manteau !… (mon Dieu, mon Dieu, que dirait le ministre ?) mais que voulez-vous ? cette valise pèse le diable ! »

Et nous partîmes à toute course dans les ténèbres, déjà fort épaisses.

Il prit à Eltham le train de nuit, et j’allai coucher assez tristement dans mon ancienne mansarde, chez les Dawson.

Les jours suivants, ayant sur les bras double besogne, je ne pus m’absenter un instant. Bientôt arriva une lettre de mon ami, très-courte, mais très-affectueuse. Il s’embarquait sur le steamer du samedi, ainsi qu’il l’avait à peu près deviné d’avance. Son successeur devait arriver le lundi suivant. Un postscriptum renfermait, simplement ces mots :

« Mon bouquet s’en vient avec moi au Canada ; mais je n’en aurai pas besoin pour me rappeler Hope-Farm. »