Page:Gaskell - Cousine Phillis.djvu/111

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de vous… La veille, rappelez-vous, il était venu ici… Vous lui aviez offert ces fleur. »

Elle porta les mains à son visage comme pour s’en faire un voile ; mais elle écoutait maintenant et ne perdait plus une seule de mes paroles.

a Jamais auparavant il ne m’avait parlé de vous. Ce brusque départ le forçait à m’ouvrir son cœur… Il m’a dit qu’il vous aimait, qu’il espérait, à son retour, se trouver en passe de vous obtenir.

— Taisez-vous ! » interrompit-elle avec effort après deux ou trois vaines tentatives pour faire sortir ces deux mots de sa poitrine oppressée.

En ce moment, elle me tournait le dos ; sa main, en revanche, ramenée en arrière, venait au-devant de la mienne et la cherchait pour ainsi dire dans le vide. Quelle longue et douce étreinte ! S’accoudant ensuite à un des montants de bois, elle y reposa sa tête fatiguée ; sans plus chercher à retenir ses larmes, elle semblait y trouver on ne sait quelle volupté tranquille.

Je ne la compris pas tout d’abord, et craignis de l’avoir désobligée par quelque malentendu.

« Pardonnez-moi, lui dis-je, ma chère Phillis, si je me suis trompé en croyant vous faire plaisir… Il vous aime si bien, il parle de vous avec tant d’émotion !… »

Elle leva la tête et me regarda… Que de choses dans ce regard ! quel rayonnement céleste à travers ces larmes débordantes ! sur cette bouche exquise quel sourire extatique !… Mais presque aussitôt, — comme si elle eût craint de trop laisser voir ce qui se passait en elle et de trahir un sentiment plus vif que celui de la reconnaissance dont elle cherchait à me convaincre, — elle me cacha de nouveau son visage.

Ainsi donc j’avais deviné juste ! J’essayai de retrouver dans ma mémoire les paroles mêmes dont le jeune