Page:Gaskell - Cousine Phillis.djvu/167

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nable impétuosité, ne me parlez plus de M. Dunster ! Il m’est positivement odieux, et je compte ne pas lui adresser la parole quand mon père l’amènera dîner chez nous.

— À cet égard, comme à tout autre, repartit le cocher toujours prudent, mademoiselle fera, sans nul doute ce que monsieur croira devoir lui prescrire. »


III


L’été suivant revit encore M. Corbet chez son révérend professeur. Avec la meilleure volonté du monde, on n’aurait pu trouver grand changement chez notre précoce jeune homme. Mais Ellenor, elle, avait subi une complète métamorphose. À une petite fille dont les beaux yeux seuls présageaient quelque avenir, succédait une jeune lady, svelte, élancée, au maintien grave, aux rares sourires ; l’ivoire un peu terne de ses joues était maintenant une espèce de marbre incolore, il est vrai, mais d’un grain serré, d’un éclat enviable, sur lequel se dessinaient, quand elle daignait s’égayer, deux fossettes charmantes, que Théocrite eût comparées à deux nids de colombes. Ralph demeura confondu, tout d’abord, par une transformation si complète, opérée en moins d’une année. En l’étudiant plus à loisir, il entrevit, sous cette réserve d’emprunt, sous ces grands airs de femme faite, quelques vestiges de l’humeur indépendante, de l’indomptable vivacité qui était en quelque sorte l’essence et le fond caractéristique de cette riche et puissante nature. Fier de sa découverte que n’avaient faite, observateurs inattentifs, ni M. Wilkins, ni miss Monro,