Page:Gaskell - Cousine Phillis.djvu/170

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le père et la fille, bras dessus, bras dessous, passaient ensemble dans la cour des écuries, où ils visitaient l’une après l’autre chaque box, rassurant, caressant les chevaux farouches, distribuant du pain à leurs favoris, et bavardant avec Dixon dont ils envahissaient familièrement le domaine et les fonctions. De là notre jeune miss allait rejoindre miss Monro, et tant bien que mal, peu encouragée par l’indifférence paternelle, picorait çà et là quelques bribes d’un savoir que M. Wilkins regardait comme assez inutile. Pourvu que l’heureuse intelligence de sa fille, se développant par elle-même, la rendît une aimable compagne, et qu’elle sût l’amuser pendant les heures de loisir, il ne lui demandait compte d’aucune de ses études, il, ne s’intéressait à aucun de ses progrès. Vers midi, laissant là ses livres, Ellenor agitait avec miss Monro la question de savoir si ces dames feraient ou non la promenade inscrite sur leur programme quotidien. La gouvernante n’aimait guère la fatigue, la boue encore moins ; les chemins difficiles lui étaient odieux, et le moindre prétexte lui suffisait pour remettre au lendemain un plaisir essentiellement problématique. Son élève se prêtait avec un plaisir secret à ces ajournements réitérés qui la laissaient libre d’aller s’amuser seule au jardin, où elle attirait Dixon, par toute sorte de stratagèmes, pour lui faire exécuter sous ses yeux une multitude de menus travaux étrangers à sa mission domestique. Vers une heure le dîner des deux dames était servi, et la santé de miss Monro exigeait ensuite une heure de repos complet. Les leçons, reprises trois heures, duraient jusque cinq. Demi-heure après (temps consacré la toilette du soir) on servait le thé dans la salle d’études. Ellenor ensuite était censée préparer les leçons du jour suivant ; mais, en réalité, son attention était absorbée par le retour prochain de son père, dont elle guettait l’approche, l’o-