Page:Gaskell - Cousine Phillis.djvu/217

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« Mon pauvre Dixon, lui disait-elle… ma vie aussi est flétrie à jamais… Moi non plus, je ne suis plus pour lui qu’un objet de gêne et de crainte.

— Allons donc, enfant, il vous aime encore plus que tout au monde… Mais nous l’importunons, et ceci est tout simple… Au reste, mettez que je n’ai rien dit… J’ai eu tort de prendre si à cœur ses rebuffades et son silence… Savez-vous, du reste, pourquoi j’ai prié Fletcher de me céder sa tâche d’aujourd’hui ?… Le jardinier commence à trouver étonnant que vous ne preniez pas plus d’intérêt à vos plate-bandes et à vos massifs… Je me suis promis de causer un instant avec vous et de vous faire faire ensuite un tour de parterre… Histoire de complimenter un peu ce brave homme… Aussi bien, tôt ou tard, faudra-t-il s’y résoudre, n’est-il pas vrai ? »

Là-dessus il se mit à tirer le fauteuil dans la direction indiquée, et la pauvre Ellenor se mordit les lèvres pour retenir le cri de répugnance qui allait leur échapper : Au moment où Dixon s’arrêtait pour ouvrir la porte du flower-garden : « Ne m’en veuillez pas, reprit-il, ce n’est pas dureté, mais simple prudence… Il faut empêcher que les gens ne bavardent, et votre brave petit cœur affronterait bien autre chose pour l’amour de qui vous savez… Ah ! si ce pauvre maître pouvait seulement ne pas me refuser ce bonjour amical auquel j’étais habitué depuis mon enfance ?… Là, voilà qui est fait, lui dit-il encore, en la ramenant. Vous pourrez, en toute connaissance, louer le travail de nos gens, et n’aurez plus besoin de venir respirer ces bonnes odeurs étouffantes… N’est-ce pas que vous préférez l’air de nos étables ? »

Un serrement de mains d’Ellenor lui prouva qu’elle appréciait son affectueuse et délicate sollicitude. Il n’en fallait pas davantage pour rendre courage au brave