Page:Gaskell - Cousine Phillis.djvu/222

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flexions assez tristes que lui suggérait la conduite de M. Wilkins, bien évidemment dominé par une habitude pernicieuse et dégradante.

Ce fut avec un sentiment général de fatigue et d’ennui que nos gens rentrèrent à Ford-Bank. Miss Monro, souvent maladroite, se mit à quereller Ellenor sur l’extrême lassitude qu’elle laissait paraître après une si courte promenade. Pour échapper à ces reproches importuns, la jeune fille remonta chez elle. M. Wilkins avait disparu, sans dire où il allait. Ralph et miss Monro furent ainsi laissés à eux-mêmes pour le reste de la soirée, c’est-à-dire pour une bonne demi-heure. Le jeune avocat, qui sans cela eût trouvé pareille conférence assez insipide, avisa fort à point qu’elle pouvait lui procurer quelques-uns des éclaircissements après lesquels il courait.

Tout justement, la disparition de Dunster était (après la maladie d’Ellenor) le sujet de conversation qu’elle abordait le plus volontiers, et elle le traitait, fidèle écho, d’après les données admises par les habitants de Hamley. Le jeune Corbet apprit d’elle que l’ex-associé de Wilkins inspirait une antipathie générale ; — que jamais il ne regardait en face les personnes auxquelles il parlait ; — qu’il semblait toujours avoir à dissimuler sa pensée ou ses actes ; — qu’il avait, la veille même de son départ, tiré une forte traite sur la banque locale, sans doute en vue de sa fuite prochaine ; — qu’un individu assurait l’avoir entrevu, deux jours plus tard, dans les docks de Liverpool (malheureusement ce précieux témoin, pressé d’aller à ses affaires, n’avait pas abordé le fugitif, n’ayant encore aucun motif de suspecter ses démarches) ; — qu’après le départ de Dunster, de graves désordres, constatés dans sa gestion, avaient expliqué sa disparition soudaine. En revanche on ignorait absolument