Page:Gaskell - Cousine Phillis.djvu/264

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de la prière. Sans rien faire pour gagner l’amitié de qui que ce fût, — et bien qu’elle se dérobât plutôt aux prévenances dont les patrons de miss Monro ne demandaient qu’à l’entourer, — elle devint peu à peu, pour les personnes instruites de ses malheurs, un objet d’affectueuse pitié, de discret attachement. La douceur de ses regards, l’humble bénignité de ses manières, son assiduité constante à l’église, l’assistance qu’elle prêtait aux écoles de charité, ses visites aux pauvres malades la recommandaient à la bienveillance de ses pieux voisins. Quand le bon vieux doyen, penché au balcon de sa grande bibliothèque voûtée, la voyait s’apprêter à sortir de chez elle et sur le point de traverser l’Enclos, il descendait le plus souvent à sa rencontre, et venait lui offrir son bras en gentleman aussi courtois qu’il était chrétien charitable. Il les invita même plus d’une fois, elle, et miss Monro, à venir passer quelques semaines dans sa belle résidence rurale, et ne pouvant vaincre les refus obstinés d’Ellenor, il lui envoyait les plus fraîches primeurs, les plus beaux fruits de ses jardins. Parmi les chanoines, beaucoup se montraient tout aussi obligeants, et surtout lorsqu’ils apprenaient l’arrivée de M. Ness (qui venait de temps en temps voir nos deux recluses, pour se consoler de ce qu’elles n’acceptaient jamais l’hospitalité de son parsonage) les envois de gibier, de prunes, de vins, de légumes se succédaient à peu près sans interruption.

Le cottage habité par Ellenor ne s’ouvrait pour aucun autre visiteur que M. Ness. Dixon, cependant, y faisait de temps en temps une apparition de quelques heures, quand il pouvait obtenir un congé assez long pour un voyage de soixante à soixante-dix milles. Ellenor se plaisait à lui témoigner, en défrayant son voyage, la satisfaction qu’il lui causait en venant ainsi la visiter. Elle le lui prouvait encore en passant avec lui, quand il était