Page:Gaskell - Cousine Phillis.djvu/284

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les bras croisés sur sa poitrine, perdu en apparence dans une méditation profonde, il ne prenait garde ni aux passants, ni même aux êtres dont il était entouré de si près. Quelque grand procès l’absorbait sans aucun doute.


XII


La correspondance d’Ellenor devint bientôt, pour la bonne miss Monro, un objet permanent de préoccupations… et d’orgueil. Elle eût volontiers demandé au chapitre entier de se réunir dans la cathédrale pour ouïr la lecture des lettres qui lui arrivaient, timbrées de Gênes, de Florence ou de Rome. À défaut des chanoines, bien des dames, à Chester, n’ayant pas l’expérience des voyages, écoutaient avec l’attention due à des récits merveilleux, le compte rendu fort simple d’une excursion banale entre toutes. Dans ce temps-là, Lyon et Marseille n’étaient pas encore unies par une voie ferrée, ce qui retarda nos voyageuses, et mettait quelque inexactitude, même quelque désordre, dans l’arrivée de leurs dépêches. On apprit pourtant qu’elles avaient gagné, saines et sauves, la capitale du monde chrétien. Ellenor se louait d’une sensible amélioration dans l’état de sa santé. Le chanoine Livingstone confirmait d’ailleurs cette nouvelle, d’après une lettre qu’il avait reçue de mistress Forbes. L’imagination de miss Monro prit quelque ombrage de cette dernière missive. Une lointaine parenté, à la mode écossaise, entre les Livingstone et les Forbes, ne lui expliquait pas suffisamment pareille démarche. Il était permis de supposer que le chanoine ayant demandé la main d’Euphemia Forbes, la mère avait répondu. Qui même pouvait dire si une lettre d’Effie n’était pas incluse