Page:Gaskell - Cousine Phillis.djvu/79

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écoulées que de questions en questions, de recommandations en recommandations, ma tante et lui en étaient déjà aux deux tiers d’une véritable intimité.

Les choses ne se passèrent pas tout à fait de même lorsque, un peu plus avant dans la soirée, le ministre revint à son tour. Les hommes, quand ils se rencontrent pour la première fois, s’abordent en général avec des préventions légèrement hostiles. En cette occasion, pourtant, l’un et l’autre étaient disposés à tâcher de se plaire ; seulement ils appartenaient à deux catégories bien distinctes et qui se connaissent peu, ou pour mieux dire s’ignorent absolument l’une l’autre.

Aussi n’étais-je pas sans quelques appréhensions quand il me fallut quitter Hope-Farm, dans l’après-midi du dimanche, sous le coup du double travail qu’allait me donner l’absence momentanée d’Holdsworth, qui décidément passait la semaine chez ses nouveaux amis. Déjà trois ou quatre fois s’étaient manifestées chez ces deux personnages, — le ministre et l’ingénieur, — des dissidences d’opinion, des contradictions de langage et, de pensée qui me semblaient compromettantes pour l’avenir de leurs rapports mutuels.

Le mercredi, cependant, je reçus de mon ami un billet par lequel il me priait de lui envoyer plusieurs volumes dont il me donnait la liste, plus son théodolite et quelques autres instruments d’arpentage, qu’on pouvait aisément expédier à Heathbridge par notre chemin de fer. Je fis partir immédiatement cet envoi, qui ne laissait pas de former un colis assez considérable, et j’aurais voulu l’accompagner car j’étais fort curieux de savoir comment se comportaient les affaires de la ferme ; mais je ne pus réaliser ce vœu que le dimanche suivant.