Page:Gaskell - Cousine Phillis.djvu/9

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les droits du faible. Remplie d’une généreuse pitié pour les plaies qu’elle a sondées et n’a pu guérir, l’auteur en appelle aux maîtres sur tous les tons, au nom de l’humanité, au nom de l’Évangile, au nom aussi des dangers d’une situation grosse de menaces. Il est probable qu’un procès réel lui suggéra la première idée de celui qu’elle a rendu si dramatique par l’intérêt éveillé d’avance sur les personnages, par les alternatives où les placent leur conscience et un faux point d’honneur. Un jeune homme, fils d’un riche fabricant, après avoir compromis par ses assiduités la fille d’un honnête ouvrier, s’amuse à faire la caricature des malheureux délégués qui, affamés, demis-nus, viennent réclamer une augmentation de salaire pour nourrir les femmes, les enfants décimés par la famine dans leurs pauvres taudis. Le croquis roulé et jeté dans l’âtre a échappé au feu. Un ouvrier, qui a surpris le rire ironique des patrons, tandis que le papier passait de main en main, le ramasse furtivement. Chacun s’y reconnaît. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase : la moquerie, l’insulte, aiguisant l’injustice ! l’irritation est poussée jusqu’au délire ; la colère devient de la rage. « Qu’ils pleurent aussi ! qu’ils saignent, ceux qui font « mourir à petit feu ceux que nous aimons ! » Un meurtre est résolu : désigné par le sort, lié par son serment, Barton obéit, mais succombe plus tard sous le poids du remords, tandis que sa fille, partagée entre son amour pour celui qu’on croit être le coupable et la crainte de compromettre son père, poursuit douloureusement, à travers des obstacles multipliés, le seul témoin qui, en prouvant l’alibi, peut sauver son amant. Un rayon de