Page:Gaskell - Les Amoureux de Sylvia.djvu/124

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

DEUXIÈME PARTIE.

I

UNE QUESTION DIFFICILE.

Bien convaincu, désormais, que l’admiration de Kinraid pour Sylvia n’était que l’hommage d’un galant marin à une jolie fille, et que, dans tous les cas, ce rival plus ou moins redoutable partait dès le lendemain pour les mers du Groënland, d’où, selon toutes probabilités, il ne reviendrait qu’au bout d’un an, Philip s’endormit, ce soir-là, plus confiant dans son étoile et plus assuré de l’avenir qu’il ne l’avait été depuis longtemps. S’il avait su ce qui était advenu à Sylvia dans le cours de la même journée, ses dispositions d’esprit, à coup sûr, auraient été bien différentes.

Au sortir du magasin des Foster, Charley Kinraid accompagna ses cousines jusqu’à l’endroit où se détachait de la route le petit sentier conduisant à la ferme de Haytersbank. Là, coupant court brusquement à ses joyeuses saillies, il manifesta l’intention d’aller voir le fermier Robson. Bessy Corney parut désappointée, mais sa sœur, Molly Brunton, salua d’un grand éclat de rire la déclaration du jeune marin.

« Tâchons d’être vrai, lui disait-elle : si Daniel Rob-