II
MAUVAIS PRÉSAGES.
Voici comment l’expiation commença. Sylvia s’était d’abord rétablie avec assez de rapidité ; mais il y eut ensuite dans sa convalescence une espèce de halte, durant laquelle le sommeil qu’elle prenait aux heures de l’après-midi était suivi d’un léger mouvement de fièvre.
Philip, un jour, monta sur la pointe des pieds, pour venir les regarder, elle et l’enfant. Malgré toutes ses précautions, la porte qu’il poussait vint à craquer. Sylvia, momentanément privée de sa garde, qui pour la laisser dormir en paix avait emporté l’enfant dans une pièce voisine, Sylvia fut réveillée en sursaut. Son visage était pourpre, ses yeux étaient hagards ; elle les promenait de tous côtés comme pour se reconnaître, de son front brûlant elle écartait sa chevelure, et Philip ne perdait pas un de ces fâcheux symptômes. Aussi n’osait-il plus avancer d’un pas, espérant qu’elle allait se calmer et se rendormir. Mais elle étendit ses bras par un geste suppliant, et d’une voix plaintive, d’une voix en quelque sorte imprégnée de larmes :
« Oh ! Charley !… Reviens, reviens à moi ! » disait-elle. Puis se rendant mieux compte de l’endroit où elle était, se rappelant mieux les événements accomplis, elle se laissa retomber en arrière et se mit à pleurer sans autre effort. Un frémissement intérieur s’était emparé de Philip. Il en eût été de même pour bien d’autres, en pareille circonstance, mais il avait de plus, aggravant l’intensité de son émotion, le sentiment et le remords de sa fraude coupable. Les larmes qu’il voyait couler