Page:Gaskell - Les Amoureux de Sylvia.djvu/319

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Les yeux de Sylvia se remplirent de larmes.

« Parlez, monsieur, que dois-je faire ?… Pour elle, je suis résolue à tout… Je me soumettrai à tout, pourvu que je la garde auprès de moi… Que puis-je faire au monde ?… Dites-le-moi, monsieur, si vous le savez !

— Ceci demande réflexion, reprit Jeremy après un instant de silence… Il faut que je consulte mon frère John.

— Et votre parole, monsieur ? s’écria la jeune femme.

— Je t’ai promis, répliqua le quaker, de ne rien révéler à personne ce qui s’est passé entre toi et ton mari ; mais, à présent que ce dernier nous a quittés, il faut bien que je me consulte avec mon frère pour savoir ce que vous deviendrez, toi et ton enfant. »

Ceci fut dit avec une gravité qui impliquait une espèce de reproche, et le vieillard, se levant, mit un terme à l’entrevue.

« Sois tranquille, mon trésor, murmura Sylvia, tout en descendant la colline, à l’enfant qui ne la pouvait comprendre et qu’elle couvrait de ses baisers… Je t’aimerai pour deux ; je t’envelopperai si bien de ma tendresse que jamais ton père ne te manquera. »

VIII

ISOLEMENT.

Jeremy Foster était homme d’honneur. Jamais il ne fit allusion à la visite de Sylvia, mais ce qu’elle lui avait dit entra pour beaucoup dans les projets qu’il soumit à l’approbation de son frère et d’Hester.

Il fut convenu qu’elle continuerait à résider sous le même toit, ce qui, dans l’hypothèse du retour de Philip,