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Page:Gaskell - Les Amoureux de Sylvia.djvu/338

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— Il vaudrait mieux, en ce cas, demander à Dieu de le faire mourir, dit alors Hester avec un mouvement d’amertume découragée, en laissant aller les mains de Sylvia.

— N’était cette enfant que vous voyez, reprit celle-ci, c’est ma mort, non celle de Philip, que vous devriez demander à Dieu… Ceux que vous aimez le mieux sont ceux qui vous oublient le plus vite… »

C’est à Kinraid qu’elle faisait ainsi allusion ; mais Hester ne pouvait la comprendre, et, l’embrassant après un moment de silence, elle la quitta pour le reste de la nuit.

XI

UN MESSAGE INATTENDU.

Bien des semaines s’étaient écoulées sans qu’on eût prononcé le nom de Philip, lorsque le même véhicule un peu bourgeois qui naguère avait amené mistress Brunton, s’arrêta une fois encore devant la porte des magasins. Mais, à la place de Molly, on en vit sortir une jeune dame, fort jolie et fort élégante, dont les pieds délicats ne se posaient qu’après mille précautions sur les marches assez mal distribuées de cette carriole antédiluvienne.

« Mistress Hepburn est-elle chez elle ?… Et pourrait-on la voir ? » demanda-t-elle à Hester avec le doux parler des comtés méridionaux.

Sylvia qui avait entendu la question se présenta aussitôt, et, déposant Bella aux bras d’Hester, conduisit la belle inconnue dans le salon qui était son domaine réservé. « Je suis pour vous une étrangère, lui dit en souriant