Page:Gaskell - Les Amoureux de Sylvia.djvu/63

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un peu caves, étaient vifs et pénétrants ; les seconds frisaient d’eux-mêmes en boucles serrées ; le sourire amical qu’il adressait à la belle enfant, faisait briller deux rangées de dents parfaitement blanches, et plus il lui souriait, plus elle rougissait en baissant la tête.

« Je profiterai certainement de votre invitation, reprit le jeune marin ; une petite course me fera du bien, j’en suis sûr, si la gelée continue.

— À merveille, mon cadet ! » dit Robson dont la cordiale poignée de main autorisait Kinraid à prendre, lui aussi, la main de Sylvia.

Molly Corney, accompagnant ses hôtes à quelques pas de la maison, retint un instant Sylvia pour lui dire à l’oreille :

« N’est-ce pas qu’il est beau garçon ?… Je suis contente que vous l’ayez vu, car il part la semaine prochaine.

— Mais n’a-t-il pas dit qu’il viendrait nous voir ? demanda Sylvia, presque effrayée.

— Certes, et je ne le lui laisserai pas oublier, soyez tranquille… Je voudrais vous faire faire plus ample Connaissance… Il parle si bien !… Je tâcherai de vous l’envoyer. »

Sans qu’elle se rendît bien compte de ce sentiment, Sylvia ne savait aucun gré à Molly de ses promesses réitérées. Elles semblaient lui Ôter d’avance tout le plaisir que lui avait fait espérer la visite de Kinraid. Aussi rentra-t-elle passablement triste auprès de sa mère.

Bell les attendait sur le seuil de la porte.

« Vous voilà donc rentrés, s’écria-t-elle ; et Philip, ce pauvre Philip, qui vous a si longtemps attendus !… Il venait pour te donner ta leçon d’arithmétique.

— Quelle contrariété ! dit Sylvia, par déférence pour sa mère plutôt que pour exprimer un véritable regret.

— Il a promis de revenir demain, et il faudra faire