Page:Gaskell - Les Amoureux de Sylvia.djvu/77

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trouver près d’elle, assis un peu en arrière et le bras sur le dos de la chaise qu’elle occupait, tandis que, se penchant sur la grande carte déployée, elle y cherchait des yeux tous les pays auxquels sa pensée accordait quelque intérêt et, — sinon le Northumberland où Kinraid résidait alors, du moins ces sombres mers du Nord dont il lui avait fait tant de récits merveilleux.

Aux approches du printemps, elle aperçut un jour Molly Corney qui venait du côté de la ferme. Les deux amies ne s’étaient pas vues depuis plusieurs semaines, Molly étant allée voir ses parents du Nord. Arrivée à quelques pas de la porte sur laquelle Sylvia se tenait, le sourire sur les lèvres, Molly ne put retenir un cri d’admiration.

« Eh ! grand Dieu, Sylvia, est-ce bien toi ?… Comme te voilà jolie !

— Tâchez donc de faire trêve à ces billevesées ! dit Bell Robson qui, laissant là ses fers à repasser, venait au-devant de sa jeune voisine ; mais son sourire d’orgueil maternel démentait quelque peu la sévérité de cette rebuffade, et Molly ne s’en effraya guère.

— Bah ! bah ! reprit-elle, pourquoi ne pas le lui dire ?… À défaut de moi, les hommes s’en chargeront.

— Veux-tu bien te taire !… dit à son tour Sylvia tout effarouchée, et presque offensée de cette effronterie enthousiaste.

— Ils s’en chargeront, te dis-je, continua Molly, et vous, mistress Robson, vous ne la garderez pas longtemps… Il est toujours bon, n’est-ce pas, de voir partir ses filles ?… Du moins ma mère le dit-elle ainsi.

— Ta mère en a plusieurs, et je n’ai que celle-là, » repartit mistress Robson avec une sévérité mélancolique.

Les bavardages de Molly, effectivement, ne lui plai-