Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

J’obéis implicitement. Quoique cette mission m’eût surprise et même stupéfaite, je savais que madame Rochdale faisait toujours ce qu’il y avait de plus sage et de plus utile à faire dans les circonstances données. Je savais aussi que sa droiture et l’énergie de son caractère l’amenaient souvent à faire des choses auxquelles n’auraient jamais pensé des femmes plus faibles ou d’un cœur moins simple.

À travers le brouillard d’une soirée de septembre, je m’en allais donc aveuglément chercher Nancy Hine.

Elle causait à la porte du boulanger. Le feu du four éclairait toute sa personne. Ses bras rosés, blanchis par la farine, étaient croisés sur une robe de travail convenable et propre. Même les gens les plus sévères avouaient que, chez elle, Nancy était active et industrieuse ; on disait seulement qu’elle avait trop de goût pour la toilette le dimanche, et que d’habitude elle se tenait un peu au-dessus de sa situation.

— Nancy Hine, je voudrais vous dire un mot.

— Ah ! c’est vous, Marthe Stretton. Dites alors, nous n’avons pas de secrets ici.

Son air négligent, pour ne pas dire brusque, m’arrêta. Je me détournai et je redescendis la rue du village. Je n’étais pas bien loin lorsque Nancy