Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/112

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rut pas cependant, mais qui vécut pour souffrir, ou mieux encore pour surmonter la souffrance ; on disait qu’il avait brisé le cœur de sa noble mère. Quelques-uns de ses anciens amis allèrent le voir, leurs femmes ne vinrent pas voir la sienne. Il avait fait ce que bien des gens respectables redoutent infiniment plus que la plus mauvaise conduite, il avait fait une mésalliance.

La société fut sévère à son égard, plus sévère qu’il ne le méritait. Du moins, on le méprisait, lui et son mariage, pour de mauvaises raisons. Non parce que sa femme, lorsqu’il l’avait choisie, était une personne complètement au-dessous de lui comme éducation, comme goûts, comme sentiments, non parce qu’à cause de cette infériorité il était impossible qu’il éprouvât pour elle autre chose que l’amour le plus dégradant, mais simplement parce que c’était une villageoise, la fille d’un boulanger.

La seule fois que sir John Childe fit allusion à cette misérable et humiliante aventure, il dit avec une compassion hautaine à la mère de Lemuel :

— Madame, quoi qu’elle eût pu être de sa personne, la honte eût été moindre si votre fils n’avait pas épousé une femme d’aussi basse origine. Quelle horreur ! la fille d’un boulanger !