Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/116

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

personne ignorante élevée tout d’un coup à la richesse, enviée par la classe à laquelle elle appartenait naguère, méprisée et repoussée par celle où elle est entrée. Elle a dû apprendre à se comporter en maîtresse là où elle était autrefois une égale, et en égale là où elle était autrefois inférieure. Il est difficile d’imaginer une épreuve plus pénible en ce qui regarde la position sociale.

— La position ? elle n’en a point. Personne ne va la voir, si ce n’est vous. Et pourquoi irait-on ?

— Et pourquoi n’irait-on pas, ma chère ? Une femme qui, depuis son mariage, s’est conduite avec une convenance parfaite, dans la sphère à laquelle on l’a élevée, qui a vécu dans la retraite et ne s’est imposée aux égards de personne, qui, en dépit de ce qui manque à son éducation et à son caractère, est une bonne femme, une bonne maîtresse…

— Comment savez-vous cela ?

— Simplement parce que son mari s’absente rarement de chez lui, même pour une journée, parce qu’elle a gardé tous ses domestiques depuis cinq ans, et qu’ils parlent tous bien d’elle.

Je ne pouvais pas nier ces faits. Tous les environs le savaient comme moi. Les plus fiers gentilshommes n’avaient pas l’audace de fermer les yeux à la vérité même lorsqu’ils contemplaient d’un air méprisant madame Lemuel Rochdale se prome-