Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/16

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lée en n’entendant rien que le souffle du vent. Oh ! ne me parle pas de rester ici pendant qu’elle meurt peut-être de faim comme le pauvre enfant de la parabole.

Et élevant sa voix, elle pleura.

Guillaume était profondément attristé. Deux ans auparavant, il était assez âgé pour qu’on lui racontât la honte de la famille, lorsque son père avait vu revenir une lettre qu’il avait écrite à sa fille, à Manchester, et que sa maîtresse renvoyait en disant que Lisette avait quitté son service ; et pourquoi. Il avait partagé l’austère indignation de son père, tout en le trouvant cependant un peu sévère, lorsqu’il avait défendu à sa pauvre femme désolée d’aller chercher sa malheureuse enfant, et lorsqu’il avait déclaré qu’elle n’avait plus de fille, qu’elle était morte pour eux désormais, et que son nom ne devait plus être prononcé, ni aux marchés, ni aux repas, ni pour la bénédiction, ni pour la prière.

Guillaume avait gardé le silence, les lèvres serrées et les sourcils froncés, lorsque les voisins lui avaient répété combien la mort de la pauvre Lisette avait vieilli son père et sa mère, en disant qu’ils ne se relèveraient pas de ce coup-là. Il sentait lui-même que cet événement l’avait rendu vieux avant son temps, et il avait envié à Thomas