Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/172

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être pas souvent entendu dire. Cela peut lui faire du bien.

Oh ! cette idée de faire du bien qu’ont toutes les femmes, surtout les meilleures et les plus sincères ! Jeanne, me disais-je en moi-même, prenez garde ! Mais en cherchant ces yeux qui regardaient gravement devant elle pendant la promenade, ces yeux qui n’étaient ni baissés ni agités, qui n’étaient les yeux ni d’une enfant ni d’une jeune fille, mais bien les yeux d’une femme, avec un cœur sérieux, j’eus honte de lui dire à quoi je désirais qu’elle prît garde.

J’étais toute la journée à Liverpool ; mais, en me pressant, je parvenais à revenir le soir. Nous avions une soirée de famille qui avait été retardée pour attendre le départ possible de notre hôte. Enfin mon père insistait pour qu’il n’y eût plus de délai ; c’était une soirée de pauvres parents. Par pauvres je ne veux pas dire indigents, mais moins riches et dans une moins bonne position que nous, des parents que mon père avait dépassés l’un après l’autre en montant l’échelle, et aux yeux desquels il était maintenant dans la position peu enviable du grand personnage de la famille.

C’était une réunion étrange, hétérogène ; nous le savions d’avance ; dans la circonstance actuelle, ma mère en était sérieusement inquiète ; depuis