Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/25

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Suzanne. Une fois qu’il eut pris pied chez M. Palmer, vous comprenez bien qu’il ne tarda pas à trouver cent raisons pour y revenir souvent. Il écoutait le père, il parlait à la petite nièce, mais il regardait Suzanne tout en écoutant et en parlant. Le père revenait sans cesse sur les détails de son ancienne opulence ; peut-être eussent-ils paru douteux à Guillaume, si Suzanne n’eût pas été là, jetant, par sa modestie et son charme, une lueur de simple élégance sur tout ce qui l’entourait. Elle ne disait pas grand’chose ; en général, elle travaillait assidûment, mais tous ses mouvements étaient si doux, sa voix si basse et si suave, que son silence, ses paroles, ses mouvements, son repos semblaient également l’élever au-dessus de la portée de Guillaume, dans une sphère inaccessible de pureté et de sainteté. Et si elle savait le sombre secret qu’il cachait, la honte de sa sœur que les recherches nocturnes de sa mère parmi les plus misérables créatures ne lui permettaient pas d’oublier, Suzanne ne reculerait-elle pas avec horreur loin de lui, comme si cette parenté involontaire l’avait souillé ? Voilà ce qu’il craignait, et il résolut de s’arracher à cette douce société avant qu’il fût trop tard. Il résista donc à la tentation intérieure ; il resta chez lui, il souffrit, il soupira. Il s’irrita contre sa mère de la patience infati-