Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/260

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stante. Le changement semblait être l’élément nécessaire, la satisfaction indispensable à l’existence de lord Erlistoun.

— Il est très heureux, disait souvent ma mère. Ah ! c’est une belle chose que d’être heureux.

— Oui, oui !

Et le bonheur de Jeanne, qui résidait évidemment dans ces lettres ou dans ces fragments de lettres que nous ne lisions pas, l’accompagnait plusieurs jours comme une atmosphère invisible, métamorphosant le petit salon de Pleasant-Row en une Sainte-Sophie, et faisant une terre sainte des petites rues du faubourg, qu’elle traversait.

Elles sont d’autant plus vives, d’autant plus naturelles dans une vie décolorée comme l’était devenue celle de Jeanne. En vain disait-elle qu’elle y était accoutumée, qu’elle revenait seulement à la vie étroite de sa jeunesse ; c’était certainement un changement. Même pour ma mère moins sensible aux choses de goût et de sentiment, la nécessité de faire faire à dix sous l’usage d’un schelling, après la moitié d’une vie passée dans l’abondance, était une cruelle nécessité. Peu à peu j’appris que tout le soin du pauvre petit ménage était tombé entre les mains de Jeanne.

Dans ce temps-là c’était souvent un chagrin pour moi. Maintenant tout cela est passé. Je pense