Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/262

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il s’était retourné le samedi soir avant de fermer les yeux pour son dernier repos.

— Minuit ! Suzanne ! Eh bien, tout mon ouvrage est fait, et maintenant c’est dimanche.

Comme je l’ai dit, mon père était un homme d’une énergie infatigable et d’une intelligence puissante dans sa rudesse. Jusqu’à la fin, il conserva tout dans ses mains, il fit seul tout ce qu’il pouvait faire ; même moi, son fils, je devenais parfois un simple commis. Jusqu’à sa mort, j’avais travaillé presque machinalement, sans aucune responsabilité ; par la suite le sentiment de la responsabilité ne me quitta pas un instant, il était doublé par la nouveauté, par la nature de mon caractère et par d’autres faits inutiles à rappeler maintenant, mais qui agissaient passivement sinon activement sur ma vie.

Au bout d’un certain temps, Jeanne s’en aperçut ; elle découvrit ce sentiment pressant de la responsabilité, cette terreur de l’avenir, balancée entre la santé d’un côté (je n’étais pas, ou du moins je n’avais pas l’air fort) et de l’autre la nécessité de gagner de l’argent. Lorsqu’elle me pressa, j’en convins.

— Je vois, je n’y avais pas pensé. Pauvre Marc ! Il faut vous soigner mieux que cela. Je suis bien aise que vous me l’ayez dit.