Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/298

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femme à tous les maux possibles ou probables, se met à la torture, s’épuise et se heurte contre les limites du temps, de la distance et de la nécessité, quand on donnerait l’univers entier pour se lever et aller en avant !

Enfin, un soir je pris mon chapeau et je partis.

Une voiture s’éloignait de la porte de Pleasant-Row ; je tournai dans la rue à côté. Elle me dépassa de nouveau, et j’aperçus, plongé dans une rêverie qui allait jusqu’à la mélancolie, le doux visage de lady Émily Gage. Mon humeur cynique disparut pour faire place à une pitié abstraite pour quatre personnes, dont je ne dirai pas le nom ; les anges qui servent Dieu le savent.

Je trouvai lord Erlistoun causant avec ma mère. Tous deux tressaillirent ; ils croyaient que c’était Jeanne.

— Jeanne est dehors, seule, avec cette pluie battante ?

— Je n’y puis rien, Marc, elle le veut ; mais j’oublie que vous ne savez pas qu’elle a pris de nouveaux élèves, et qu’elle se donne autant de mal que si elle devait être toute sa vie une pauvre maîtresse de chant.

Lord Erlistoun s’élança vers la fenêtre et il resta là jusqu’à ce qu’un coup à la porte vînt annoncer l’arrivée de Jeanne.