Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/305

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— Avant de répondre, dites-moi un seul mot. Je sais que vous ne voudriez ni dire ni faire un mensonge. M’aimez-vous comme il y a trois ans ?

Il ne répondit pas, il n’osait pas.

— Alors, quelque puisse être le code d’honneur des hommes aux yeux de Dieu, ce serait pour vous un déshonneur que de m’épouser.

Ma mère quitta la chambre, j’allais la suivre, mais lord Erlistoun me rappela.

— Arrêtez ! mon honneur, que mademoiselle met en question, exige des témoins dans cette douloureuse crise.

Il s’adressa alors à Jeanne.

— Vous voulez donc me faire comprendre que vous regardez ma main comme indigne de vous ?

— Je n’ai pas dit indigne, mais vous savez (et elle le regardait fixement) ; vous savez bien que la seule chose qui rende le mariage légitime ou saint n’existe plus entre nous.

— Et quoi donc ? s’il m’est permis de vous le demander.

— L’amour, entendez-moi bien. Je n’ai jamais douté de votre honneur. Je sais que vous m’épouseriez, que vous seriez fidèle, tendre, affectueux, mais cela ne suffit pas ; il me faut de l’amour. Point de cœur à moitié donné par charité, ou par générosité. Le cœur de mon mari tout entier, ou rien.