Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/323

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Je suis allé chercher Jeanne un matin de bonne heure. Elle était assise toute prête, avec son châle et son chapeau ; elle lisait, mais elle leva les yeux à mon entrée, avec ce regard brillant et involontaire qui vaut de l’or quand on le saisit à l’improviste.

Les petits chemins jusqu’à la station étaient éclairés par le soleil, mais encore humides de rosée. Hollingbourne, la principale résidence de lady Émily, était environ à douze lieues sur notre chemin de fer. Nous marchions gaiement en jouissant de la belle matinée. Jeanne dit que ceux qui avaient rarement un congé pouvaient seuls en apprécier tout le charme.

— Dans la vie, le travail est ce qui vaut le mieux, vous le voyez, Jeanne ?

— Oui, ce qui vaut le mieux et ce qu’il y a de plus noble.

— Mieux que la vie de lord Erlistoun, par exemple, repris-je.

Je sentis un reproche dans sa grave et douce réponse :

— La vie de lord Erlistoun est déjà une noble vie, elle le deviendra plus encore à mesure qu’il avancera en âge. J’en ai toujours été sûre, c’était un bon vaisseau, courageux et solide, mais ballotté çà et là par les vents faute d’une ancre sur la-