Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/333

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pétillait comme s’il savait que l’hiver était venu. C’était le moment où jamais.

— Jeanne, dis-je, si je vais à Liverpool et que je puisse y faire ma fortune ou du moins y acquérir de l’aisance, voudrez-vous y venir avec moi ?

— Votre mère et moi ?

— Ma mère, si elle veut ; mais c’est de vous que je parle. Je ne peux pas me passer de vous. Il y a cinq ans, je l’ai pu, parce qu’il le fallait et que c’était juste ; maintenant je ne le puis pas. Ce n’est pas la peine de me faire un intérieur ; je ne veux pas m’en faire un, si ce n’est pour vous.

— Pour moi ? pour moi ?

Elle me regarda en face et elle apprit tout. Elle laissa tomber sa tête presque sur ses genoux et fondit en larmes.

Je ne dis rien de plus. Peut-être s’écoulera-t-il des mois, des années sans que j’en dise davantage. Je ne voudrais pas de la rançon de ma vie si on ne me la donnait pas librement.

Algernon et moi, Browne frères, nous travaillons de notre mieux. À peine avons-nous un moment de repos, excepté le soir ; quelquefois une promenade le long des sables plats des rives de la Mersey, quand le vent d’ouest souffle sur la marée et que le soleil couchant lance ses rayons, comme autrefois dans le Paradis.