Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/48

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cœur rendra grâce devant Dieu et devant ses anges, comme le mien, pour la grande bonté de Suzanne. Cette petite Nancy n’est pas sa nièce, c’est l’enfant de notre Lisette, c’est ma petite-fille !

Elle ne pouvait plus retenir les larmes qui inondaient son visage, mais elle regardait toujours son fils.

— Savait-elle que c’était l’enfant de Lisette ? Je ne comprends pas, dit-il en rougissant.

— Elle le sait maintenant, elle ne le savait pas d’abord ; mais elle a recueilli cette pauvre petite créature par compassion, devinant seulement que c’était une enfant de la honte ; elle a travaillé pour elle, elle l’a gardée, elle l’a soignée depuis qu’elle était toute petite, et elle l’aime de tout son cœur. Guillaume, tu aimeras cette enfant, n’est-ce pas ? demanda-t-elle d’un ton suppliant.

Il garda un instant le silence, puis il dit :

— J’essayerai, ma mère. Donne-moi le temps, tout cela me trouble. Penser que Suzanne a eu affaire avec une enfant pareille !

— Oui, Guillaume, et penser que Suzanne pourra encore avoir affaire avec la mère de cette enfant ! Car elle est tendre, elle est pitoyable, elle parle avec espoir de ma pauvre fille, et elle cherchera à me la retrouver quand elle viendra,