Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/51

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pour articuler les petits mots qu’elle commençait à dire.

Bientôt Suzanne entendit son père qui revenait, incertain, chancelant, tâtant d’abord la fenêtre, puis la porte, tout en marmottant des paroles incohérentes. La petite innocente qui se pressait près d’elle lui semblait d’autant plus pure et plus attachante quand elle pensait tristement à son malheureux père. Il demandait une lumière à grands cris ; elle avait laissé les allumettes et un bougeoir sur le dressoir ; mais craignant, dans l’état d’ivresse inaccoutumée où il se trouvait, qu’il ne mît le feu quelque part, elle se leva doucement, prit un manteau et descendit pour l’aider.

Hélas ! les petits bras qu’elle avait détachés de son cou appartenaient à une enfant facile à éveiller. Nancy s’aperçut de l’absence de sa chère Suzanne, elle s’effraya de se trouver dans cette terrible obscurité qui lui semblait sans limites ; elle descendit du lit tout en chemise, et se dirigea en chancelant vers la porte de l’escalier. Il y avait une lumière en bas, Suzanne et la sécurité étaient là ! elle fit un pas vers l’escalier, les marches étaient étroites, elle était étourdie par le sommeil, elle chancela, elle tomba, elle roula, jusqu’aux pierres du seuil, sur la tête. Suzanne vola vers elle, lui prodigua tous les soins les plus tendres, les plus