Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/62

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dormait et de celle qui veillait silencieusement dans sa chambre.

Guillaume vint à l’heure du dîner. Il était rouge, il avait l’air heureux, impatient, agité. Suzanne, calme et pâle, vint au-devant de lui, son doux et tendre regard cherchant le sien.

— Guillaume, dit-elle d’une voix basse et ferme, votre sœur est là-haut.

— Ma sœur ! dit-il, comme si cette idée l’effrayait ; et son air joyeux devint sombre. Suzanne le vit, le cœur lui manqua un peu, mais elle continua aussi calme en apparence que par le passé.

— C’était la mère de la petite Nancy, comme vous le savez peut-être. La pauvre petite Nancy s’est tuée cette nuit en tombant dans l’escalier.

Tout le calme de Suzanne disparut, les émotions qu’elle avait réprimées se firent jour en dépit de ses efforts, elle s’assit, cacha son visage et pleura amèrement. Il oublia tout dans son désir, son besoin de la consoler. Il passa son bras autour d’elle, se pencha sur elle, mais il ne savait que dire :

— Oh ! Suzanne ! comment pourrais-je vous consoler ! Ne vous désolez pas, je vous en prie ! Ses paroles ne changeaient pas, mais l’accent variait chaque fois. Enfin, elle parut reprendre son empire sur elle-même, elle essuya ses yeux, et