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Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/76

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Je souris. Elle se méprit sur ma pensée et reprit avec une nuance de sévérité :

— Vous vous trompez, Marthe. Je vous répète que je serais extrêmement satisfaite si cela arrivait aujourd’hui.

— Ah ! madame Rochdale, quelle est la veuve, mère d’un fils unique, qui ait jamais été extrêmement satisfaite lorsqu’elle a découvert tout d’un coup, pour la première fois, qu’elle n’était plus tout au monde pour lui, qu’une femme étrangère avait surgi, pour l’amour de laquelle il était tenu de quitter son père et sa mère ?

— C’est une parole juste, mais les mères ont peine à la comprendre au premier abord.

J’ai pensé depuis que c’était une étrange coïncidence que l’événement eût précisément justifié ce soir-là les paroles de madame Rochdale. La plus jolie, et incontestablement la plus aimable de toutes les jeunes filles du comté parmi lesquelles on pouvait supposer que le jeune Rochdale jetterait le mouchoir, c’était mademoiselle Célandine Childe, la nièce et l’héritière de sir John Childe… Je me rappelle avoir été frappée de ce nom un peu étrange, emprunté au poème de Wordsworth, et qui allait merveilleusement à mademoiselle Childe, disait madame Rochdale.

Je fus de même avis lorsqu’en regardant à la