Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/82

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Elle me mit doucement la main sur les lèvres et dit en souriant :

— Nous avons le temps de penser à cela, tout le temps.

À partir de ce jour-là, elle devint peu à peu moins pâle, et retrouva entièrement son humeur sereine et égale. Il était évident qu’elle commençait à aimer beaucoup sa future belle-fille, il eût été difficile de faire autrement et ce n’était point par une simple forme qu’elle les appelait tous deux « ses enfants ».

Pour Célandine, qui n’avait jamais connu sa mère, elle semblait aimer madame Rochdale presque autant que son fiancé. Les deux dames étaient constamment ensemble, et elles paraissaient promettre ce spectacle, qu’on dit inouï, d’une mère et d’une belle-fille aussi unies que si elles eussent été de la même chair et du même sang.

Les commères branlaient la tête en disant : « Cela ne durera pas. » Je crois que cela eût duré. Pourquoi non ? C’étaient deux femmes au cœur élevé, tendre, dévoué. Toutes deux étaient prêtes à aimer ce qu’il aimait, à renoncer à tout pour le rendre heureux. En lui, le fils et le fiancé, elles se rencontraient, en lui elles apprirent à s’aimer.

Il est étrange que les femmes n’en jugent pas toujours ainsi, étrange qu’une jeune fille ne s’at-