Page:Gasquet - L’Enfant, 1900.djvu/15

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Tu m’as donné la main, Femme, et je t’ai suivie.


Les pins, nourris de Dieu, les ruches et l’azur
Ouvrent, derrière toi, de ma nouvelle vie
Le tranquille horizon éblouissant et sûr.
Nous vivons, ô ma joie, un rêve solitaire,
Mais notre âme comprend ce que dit le blé mûr,
Rien n’est voilé pour nous des choses de la terre,
Le monde, chaque soir, s’endort dans notre cœur.


Ô demeure de vie, ô maison du bonheur !
Le matin nous éveille avec la voix du pâtre,
Mais lorsqu’avec l’hiver la campagne s’endort,
À l’heure où le couchant rend le salon rougeâtre,
Quand un tronc d’olivier croule en flambant dans l’âtre,
De l’austère piano le chant des maîtres sort.
Contre les vitres meurt un crépuscule d’or.
La nuit vient lentement, on allume les lampes,
Et j’aime dans mes mains sentir battre tes tempes
Toutes pleines encor d’un monde harmonieux.
Devant le vieux bahut, sur la table servie,
Rit la vaisselle à fleurs qui nous vient des aïeux,
Et tout blanc le grand lit est là, qui nous convie.